Laura Michaud
L’accessibilité numérique est un critère de qualité essentiel d’un site web. Elle conditionne l’expérience utilisateur, la compréhension des contenus, la performance SEO et, de plus en plus, la conformité légale.
Concevoir un site accessible, ce n’est pas répondre à un besoin marginal, mais produire des interfaces claires, robustes et utilisables par tous, quels que soient le contexte, les capacités ou les outils de navigation.
Cette démarche s’appuie sur des référentiels comme les WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) et le RGAA en France. Sans entrer dans une logique purement normative, voici les bonnes pratiques essentielles à intégrer dès la conception graphique et éditoriale.
L’accessibilité pour les personnes sourdes et malentendantes
L’omniprésence de la vidéo sur le web pose un problème simple : une information exclusivement audio est une information inaccessible.
Les bonnes pratiques essentielles :
- Sous-titrer systématiquement les vidéos, ou proposer a minima une transcription textuelle. Les sous-titres automatiques non relus ne suffisent pas.
- Ne jamais véhiculer une information uniquement par le son (alerte, validation, erreur).
- Multiplier les canaux de contact : formulaire, email, chat. Le téléphone ne peut pas être l’unique solution.
- Structurer visuellement les pages (titres, blocs, paragraphes courts). Une mise en page confuse complique la compréhension, même sans barrière auditive.
Ces pratiques bénéficient également aux utilisateurs en environnement bruyant, aux lecteurs non natifs et au SEO.
Rendre un site accessible aux personnes malvoyantes
Une déficience visuelle n’implique pas l’impossibilité de naviguer sur internet, à condition que le site respecte certains principes fondamentaux de lisibilité :
- Contraste suffisant entre texte et arrière-plan (les WCAG recommandent un ratio minimum de 4,5:1 pour le texte courant).
- Taille de police confortable, avec possibilité de zoom sans perte de lisibilité ni rupture de mise en page.
- Ne pas s’appuyer uniquement sur la couleur pour transmettre une information (erreur, validation, état actif).
- Boutons et appels à l’action explicites, combinant texte, forme et couleur.
- Design responsive réel, capable de s’adapter à différents niveaux de zoom et tailles d’écran.
L’objectif n’est pas d’ajouter des éléments, mais au contraire de réduire la charge visuelle inutile.
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Concevoir pour les utilisateurs dyslexiques et les troubles cognitifs
La dyslexie et les troubles cognitifs impactent directement la capacité à décoder un texte dense ou mal structuré. Ici, le graphisme joue un rôle central.
- Hiérarchiser clairement l’information (titres, sous-titres, listes).
- Privilégier des phrases courtes et un vocabulaire simple.
- Éviter l’italique, le soulignement et les effets décoratifs.
- Aligner le texte à gauche, avec un interlignage suffisant.
- Illustrer le propos par des pictogrammes, schémas ou visuels explicatifs lorsque c’est pertinent.
Une bonne lisibilité cognitive améliore mécaniquement le taux de compréhension… et donc l’efficacité du message.
Accessibilité numérique et lecteurs d’écran
Les lecteurs d’écran s’appuient sur la structure du code et du contenu pour restituer l’information. Un site visuellement « propre » peut être totalement inutilisable s’il est mal structuré.
- Renseigner des balises ALT descriptives et utiles, en évitant les formulations vagues.
- Utiliser des liens explicites (« Contactez-nous », « Télécharger le devis ») plutôt que « cliquez ici ».
- Structurer le contenu avec des balises HTML sémantiques (header, nav, main, section, article, footer).
- Respecter l’ordre logique des titres (H1 → H2 → H3), ce qui vaut aussi pour votre SEO.
Ces éléments relèvent autant de la conception graphique que de la collaboration avec les développeurs.
Accessibilité pour les personnes en situation de handicap moteur
Les troubles moteurs peuvent limiter l’usage précis de la souris ou du clavier. L’ergonomie doit donc anticiper ces contraintes.
- Zones cliquables suffisamment larges, espacées les unes des autres.
- Formulaires simples, avec un champ par ligne et des labels clairs.
- Navigation possible au clavier, sans blocage.
- Réduction des actions inutiles (saisies répétées, étapes superflues).
Un site accessible est souvent un site plus rapide, plus fluide et plus agréable pour tous.
Lisibilité typographique : un enjeu central
Augmenter la taille de la police ne suffit pas. La lisibilité dépend d’un ensemble de paramètres typographiques.
- Choisir une police avec une bonne hauteur d’x (hauteur de la lettre minuscule “x”, sans hampe ni jambage), facilitant la distinction des caractères.
- Éviter les polices trop condensées ou trop étendues.
- Limiter la longueur des lignes pour éviter la fatigue visuelle.
- Interlignage recommandé : environ 120 à 150 % de la taille du texte, à ajuster selon le contexte.
- Alignement à gauche, surtout pour les textes longs.
Ces principes s’appliquent autant au web qu’aux supports imprimés.
L’accessibilité, c’est aussi sur vos documents imprimés
L’accessibilité concerne également les documents physiques : flyers, affiches, catalogues, documents internes.
- Papier mat ou non couché, moins fatigant pour les yeux.
- Contraste élevé entre texte et fond (au moins 70 % de différence de luminosité).
- Hiérarchie visuelle claire, sans surcharge.
- Attention aux vibrations optiques, causées par des couleurs trop proches en luminosité ou saturation.
Un test simple consiste à visualiser le document en niveaux de gris : si les éléments se confondent, le contraste est insuffisant.
L’accessibilité numérique comme levier de performance globale
L’accessibilité n’est ni une contrainte créative ni un simple argument éthique. C’est un critère de qualité globale, qui améliore :
- l’expérience utilisateur,
- la compréhension des contenus,
- la performance SEO,
- et la pérennité d’un site.
Concevoir accessible oblige à être plus rigoureux, plus clair, plus intentionnel. Et ce sont précisément ces qualités qui rendent un site plus efficace.
Que ce soit pour un site internet, une application ou un support imprimé, penser l’accessibilité dès la conception est toujours un investissement rentable.
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