Le street art est né dans les rues… mais il n’y est plus limité depuis longtemps. Cette technique, presque cette révolte d’artistes urbains, est devenue un style de décoration. Il est aussi utilisé dans la communication. Ce qui était un art contestataire, né dans les fissures et le béton, s’est petit à petit transformé en art tranquille que tout le monde pense pouvoir contrôler. Est-ce vraiment le cas ?
Le street art est né en criant
Difficile de dater réellement la naissance du street art. Après tout, personne ne peut réellement nous affirmer que les premiers graffitis des grottes de Lascaux n’étaient pas les signatures d’artistes rebelles ! Néanmoins, un consensus s’est établi : le street art aurait fait ses premières esquisses dans les rues new-yorkaises, il y a quelques décennies de cela.
Depuis il a grandi et, comme les voyages forment la jeunesse, il a pris son essor en de nombreux endroits. Il s’épanouit plutôt dans les villes, mais il n’hésite pas à se déguiser parfois en empruntant certains de ses éléments à la végétation ambiante. On parle même de nature street art pour ces toiles grandeur nature qui montrent que la chlorophylle s’incruste jusque dans les bétons les plus épais.
Dans la plupart des cas, le street art exprime plutôt une rébellion, une manière de décorer l’espace urbain tout en prouvant que l’art élevé dans les musées n’est pas le seul qui a droit de cité. Le guerilla art en est d’ailleurs une belle extension…
Les techniques utilisées sont d’ailleurs de plus en plus diversifiées. Les graffitis, presque l’enfance de l’art, ont laissé place aux pochoirs, autocollants, mosaïques ou arts de l’affiche. Aujourd’hui, les amateurs se pressent sur les trottoirs dans des city-tours à la recherche de ces emblèmes artistiques, qui deviendront peut-être les vestiges archéologiques du futur.
Le street art pour tous ?
Le street art est devenu une technique artistique à part entière. Il est même sorti de son contexte : étudié à l’école ou exposé dans des galeries. Loin du terreau du bitume, il n’a plus de street art que l’apparence. Mais chacun le reconnaît pourtant en tant que tel. Et c’est bien pour cela qu’il intéresse aussi les professionnels de la communication.
On a vu des flyers qui semblaient taggés pour promouvoir des concerts indépendants. Les marques sportives ou les labels musicaux ont toujours su s’approprier le street art. Peut-être parce qu’ils s’adressaient à une population plutôt jeune et urbaine, et qu’ils montraient ainsi qu’ils en connaissaient les codes. Récemment, une campagne de publicité pour des fast-food a aussi exploré ce créneau, avec plus ou moins bon goût.
Si de nombreux artistes du street art ont plutôt tendance à dénoncer les publicités et à les transformer, cela n’empêche pas les marques de s’approprier cet art. Son message un peu subversif, tout en étant coloré et dynamique, séduit en effet de plus en plus d’annonceurs.
Le street art ou l’art du détournement
Le street art, c’est un art qui joue avec les codes pour les transformer. Il est protéiforme, insolite, souvent surprenant… Et pourtant il est de plus en plus utilisé par des entreprises commerciales. Voici quelques idées pour vous l’approprier à votre tour :
- imaginer des nouvelles versions des panneaux de circulation
- reprendre des affiches de propagandes bien connues et en changer le message
- remplacer une signature par un tag
- imaginer une image qui soit mi-dessinés, mi-végétale
- transformer un défaut de matériel en œuvre d’art.
Un artiste sait regarder au-delà de la première apparence du monde. C’est là le talent des street artistes. Mais, malgré son nom, le street art ne se limite plus depuis longtemps à la rue !
Rédigé par Mélanie De Coster