L’intelligence artificielle (IA) a pris d’assaut le monde ces dernières années, révolutionnant divers secteurs tels que la médecine, la finance, et même l’art. Bien que l’idée de machines créant des œuvres d’art puisse sembler futuriste, elle est devenue une réalité surprenante et fascinante.
Des artistes et des technologues du monde entier exploitent la puissance des algorithmes pour produire des créations visuelles, musicales, et littéraires qui captivent l’imagination. Cet article explore certaines des plus belles créations IA, illustrant comment cette technologie redéfinit notre concept de l’art.
1. L’art visuel généré par IA : quand les algorithmes peignent
Les images générées par IA sont sans doute les plus impressionnantes et les plus visibles des créations issues de l’intelligence artificielle. Des plateformes comme DeepArt, Runway ML, et Artbreeder permettent de transformer des photographies en œuvres d’art stylisées, imitant des maîtres comme Van Gogh ou Monet, ou même de créer des portraits originaux à partir de rien.
Le portrait d’Edmond de Belamy
L’une des créations IA les plus célèbres est le Portrait d’Edmond de Belamy, une œuvre produite par un réseau antagoniste génératif (GAN) conçu par le collectif d’artistes français Obvious.
Ce portrait, qui semble être issu du XVIIIe siècle, a été vendu aux enchères chez Christie’s en 2018 pour la somme étonnante de 432 500 dollars, bien au-delà des attentes.
Ce succès marque un tournant pour l’art numérique et montre que l’IA peut non seulement créer des œuvres de qualité, mais aussi capturer l’attention du marché de l’art traditionnel.
DeepDream : une plongée psychédélique
Google DeepDream, lancé en 2015, est un autre exemple marquant de l’art généré par IA. Ce programme utilise un réseau neuronal convolutif pour trouver et amplifier des motifs dans des images, créant ainsi des visions surréalistes et hallucinatoires.
Les images produites par DeepDream sont souvent remplies de motifs fractals, de formes répétitives et de visages qui semblent émerger du néant. Ces créations sont non seulement visuellement époustouflantes, mais elles poussent également les spectateurs à réfléchir sur la manière dont les machines perçoivent et interprètent le monde.
“Faceless Portraits Transcending Time” par Mario Klingemann
Mario Klingemann est un pionnier dans l’art génératif basé sur l’IA. Son œuvre Faceless Portraits Transcending Time est une série de portraits générés par un réseau antagoniste génératif (GAN). Ces portraits semblent être des représentations classiques, mais ils ont une qualité perturbante et surréaliste.
Les visages sont souvent incomplets ou déformés, ce qui incite les spectateurs à réfléchir sur l’identité, la mémoire, et l’oubli. Klingemann, considéré comme un des pionniers de l’art de l’IA, utilise des algorithmes pour explorer des thèmes profondément humains, comme la beauté et l’imperfection.
“Memories of Passersby I” par Mario Klingemann
Une autre œuvre majeure de Mario Klingemann est Memories of Passersby I. Cette installation d’art génératif utilise deux GANs pour créer en temps réel des portraits d’individus fictifs.
Chaque visage n’existe que pour un instant, avant d’être remplacé par un autre, créant une infinité de variations. Cette œuvre interroge la notion d’individualité et l’éphémère de l’existence, tout en mettant en lumière la capacité de l’IA à produire une diversité infinie de visages humains.
“The Next Rembrandt”
The Next Rembrandt est un projet fascinant où une IA a été formée pour créer un tableau dans le style du maître néerlandais Rembrandt. L’équipe derrière ce projet a analysé les œuvres de Rembrandt, en étudiant ses techniques de peinture, ses choix de sujets, et ses compositions.
Le résultat est une peinture d’un homme du XVIIe siècle, ressemblant étrangement à une véritable œuvre de Rembrandt. Cette peinture n’est pas une simple copie, mais une création originale réalisée par l’IA en respectant les codes esthétiques du peintre.
2. Musique & IA : quand les algorithmes composent
L’IA ne se limite pas à la production d’images; elle est également capable de composer de la musique, souvent avec des résultats étonnamment émouvants.
Des plateformes comme AIVA (Artificial Intelligence Virtual Artist) et OpenAI avec leur modèle MuseNet permettent aux utilisateurs de créer des compositions musicales en sélectionnant des styles, des instruments, et des structures de manière intuitive.
AIVA : compositeur virtuel
AIVA est l’une des IA les plus avancées dans le domaine de la musique. Ce compositeur virtuel a été formé sur des milliers de partitions classiques, lui permettant de générer des symphonies qui évoquent le style de compositeurs tels que Bach, Mozart, et Beethoven.
AIVA a été utilisé pour composer des bandes sonores pour des films, des jeux vidéo, et des publicités, prouvant que l’IA peut non seulement imiter, mais aussi innover dans le domaine musical.
L’émotion suscitée par certaines de ces compositions montre que l’IA peut toucher des cordes sensibles chez les auditeurs, brouillant les frontières entre l’homme et la machine.
OpenAI MuseNet : une symphonie de styles
MuseNet d’OpenAI est un autre exemple fascinant d’IA musicale. Capable de composer dans des styles allant du classique au jazz, en passant par la musique pop et le heavy metal, MuseNet utilise un modèle de réseau neuronal qui a été formé sur une vaste collection de musique.
Ce qui rend MuseNet particulièrement remarquable, c’est sa capacité à combiner des éléments de différents genres pour créer des compositions hybrides. Par exemple, il est possible de demander à l’IA de composer une symphonie classique avec des éléments de musique électronique, créant ainsi des œuvres uniques qui repoussent les limites de la créativité musicale.
“Daddy’s Car” par Flow Machines
Daddy’s Car est une chanson pop composée par l’IA Flow Machines, développée par Sony CSL Research Lab. Entraînée sur une vaste base de données de chansons pop britanniques des années 60, l’IA a généré la mélodie et l’harmonie, imitant le style des Beatles.
Les paroles ont été écrites par un humain, mais la structure musicale provient entièrement de l’algorithme. Le résultat est une chanson qui aurait parfaitement pu être un hit de la British Invasion, montrant comment l’IA peut capter l’essence d’une époque musicale spécifique.
“DeepBach”
DeepBach est un projet musical qui utilise l’IA pour composer des chorals dans le style de Johann Sebastian Bach. Cet algorithme, développé par des chercheurs du Laboratoire d’informatique de l’École normale supérieure de Paris, a été formé sur 352 chorals de Bach.
Il est capable de générer de nouvelles compositions qui respectent les règles harmoniques et stylistiques de Bach. Les compositions de DeepBach sont souvent indistinguables des œuvres du maître, illustrant comment l’IA peut non seulement imiter, mais aussi prolonger les traditions musicales.
“Endless Forms” par OpenAI Jukedeck
Endless Forms est un album de musique électronique composé par Jukedeck, une IA développée par OpenAI. L’album explore différents styles musicaux, allant de l’ambient à la musique dance, et chaque piste est générée de manière unique par l’IA.
Jukedeck permet à des utilisateurs non musiciens de créer de la musique pour des projets audiovisuels, des jeux, ou simplement pour l’écoute personnelle, en choisissant des paramètres comme le tempo et le style. L’IA compose alors une pièce originale en quelques secondes, offrant un aperçu de la future démocratisation de la création musicale.